Une version moderne du mythe de Cendrillon
- sylviegueroult
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Qui n’a jamais rêvé de se délester de la corvée hebdomadaire des tâches ménagères ? Pour les plus chanceux, la question s’est alors posée : « Et si je prenais une aide à domicile ? »
Des entreprises dédiées vous proposent alors « la perle rare ». Au détour d’une rue, vous n’avez pas pu faire l’impasse du placardage des nombreuses publicités alléchantes avec à la clé des promesses de « fées du logis à votre domicile », et la mise en avant de l'argument choc: la déduction fiscale.
Mais qu’en est-il du côté des employé.es de maison ?
Tout comme vous peut-être, cette campagne publicitaire ne m’a pas laissée indifférente. Notamment du fait de slogans toujours plus attractifs :

« L’éclat d’une Profession ».
« Un éclat de rêve et de satisfaction ».
« Avec xxxx, je balaye les préjugés, je dépoussière mon
métier. »
« Je prends la lumière, pour faire briller mon métier ».
« Faire du ménage un jeu d’enfant ».
La stratégie publicitaire est pour le moins culottée ! Des personnalités jouent le jeu à l’image de l’actrice, autrice et productrice Ingrid Chauvin, qui se dit « complice » avec sa femme de ménage. Elles font ensemble des vidéos sur YouTube, dans « Ménage en Scène ». Le chanteur et rappeur congolais, Maître Gims accepte également de collaborer « pour la bonne cause ». Je vous laisse le soin éventuel de méditer à la question. L’entreprise en question assume le choix délibéré de ne mettre en scène que des femmes de couleur sur leurs affiches. Comme si nous étions encore en ce temps de l’asservissement. La « bonne » mamma s’exécute consciencieusement sans broncher, arborant un sourire complice et épanoui.
Pour fêter ses 20 ans, l’agence **** a commandé le portrait de ses collaborateurs et collaboratrices présentés comme des stars au prestigieux studio Harcourt, un studio symbolisant depuis 1934 le glamour à la française. Sur les murs de Paris, vous retrouvez ainsi, en groupes ou individuellement, le portrait de neuf des employés de la firme fournissant des repasseuses ou des gens à même de vous briquer une cuisine comme le pont d’un paquebot de luxe. Les images sont en noir et blanc, ce qui paraît aujourd’hui très classieux. Une campagne publicitaire hors normes qui sert aussi bien à recruter du personnel - « Rejoignez-nous ! » - qu’à indiquer aux clients la qualité des prestations fournies. Voilà ce qui s’appelle doublement mettre dans le mille.
Je constate que les sociétés de services pullulent, la précarité semble rentable. Des personnes de mon entourage en sont arrivées au point de ne plus pouvoir travailler, elles ne sont pas en capacité d’assumer un véhicule faute de revenus suffisants. Elles sont alors vite cataloguées comme des personnes faignantes, ne voulant plus travailler.
J’ai appelé la société en question. Le taux horaire proposé est de 13,23€ brut de l’heure, si vous êtes véhiculée, sachant que le litre de carburant est à 1,70 euros, et qu’un sandwich coûte 4,50 euros. Que reste-t-il du salaire à la fin du mois en ajoutant les charges, l’alimentation etc. …
Encore une discrimination !
Cet état de fait me déconcerte profondément. D’autant que l’autre jour, j’ai aperçu sur le trottoir une femme d’une soixantaine d’années qui travaille dans une agence de nettoyage industrielle. Elle m’a parue si fatiguée, le dos vouté et la mine livide.
J’en suis encore quelque peu choquée !
Voici ce que notre société propose.
Une note d'espoir : Netflix diffuse actuellement un film que je vous recommande : Les petites mains. Épuisées, les femmes de ménage d’un hôtel de luxe parisien n’en peuvent plus de leurs conditions de travail précaires. Ensemble, elles vont se battre pour que les choses changent.
Que chacun.e puisse trouver une place pour faire valoir sa dignité !



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