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 La parole d’une femme de ménage

Dernière mise à jour : 16 sept.




 

L'histoire se déroule il y a quatre ans, juste après la période du confinement. Je reprends le travail chez l'ensemble de mes employeurs ou presque.

En ce jour de juillet, je retourne chez une cliente qui n’est pas très rassurée par la Covid, aussi je dois attendre son autorisation pour reprendre mon activité.

 

 Je me sens mal dans cette maison qui ne m’inspire rien de bon, et ce depuis le début de mon intervention, soit environ deux ans. Je ne peux pas en expliquer la raison, je ne suis pas en osmose avec elle. J’ai besoin de sentir une sorte d'alliance, comme si elle pouvait me dire « allez nous travaillons main dans la main je fais du mieux pour te faciliter la tâche » mais…  je n’entends rien et je ne sens rien.

 

J’arrive chez cette personne par une journée ensoleillée, je suis de bonne humeur, mais sans grand entrain et pour cause je ne sais pas encore ce qui m’attend !

 

J’avance d’un bon pas dans la cour de la maison.  Mon employeur est présent, il nettoie la cour, je suis de nature assez enjouée, je le salue chaleureusement, il me rend la politesse.

Et d’un coup son ton change, il me dit : « je vous ai réglé les mois de juin et juillet, et vous n’êtes pas venue travailler! le confinement dure longtemps pour vous.. ».

 

Je lui rétorque que ce n’est pas de mon bon vouloir mais de celui de sa femme qui ne souhaitais pas que je revienne avant.

 

La conversation en reste là et je rentre dans la maison.

Comme à l’habitude, je demande à son épouse quelles sont les tâches que je dois exécuter.

Elle me demande de monter à l’étage et de nettoyer la salle de bain et la chambre.

Je commence le travail mais je ne me sens pas bien car la conversation que j’ai eue avec son mari me met mal à l’aise.

Je sens que quelque chose n’est pas à sa place, sa réflexion me renvoie à une malhonnêteté de ma part, comme si je lui avais volé mon salaire.  Durand cette période, les employeurs ont eu droit à une aide spéciale de l’État pour rémunérer leur salarié alors je ne vois pas du tout en quoi sa réflexion est pertinente car s’il n’a pas fait la démarche cela n’est pas mon problème.

 

Après quelques minutes, je décide d’arrêter ce que je suis en train de faire. Je descends afin d’éclaircir ce que m’a dit ce monsieur, il m’est impossible de rester ainsi. Il m’est nécessaire de lui parler car je ne me sens pas respectée. Je me fais violence, cette démarche ne m’est pas facile, je vais vers une sorte de confrontation. IL doit savoir qu’il ne me fait pas peur !

 

Je me rends dans cuisine il y est présent, avec sa femme et son fils, lesquels me semblent cachés derrière la porte.

Je puise de la force car il se tient devant moi et sans m’en rendre compte je lui dis « Monsieur je souhaite revenir sur ce que vous m’avez dit tout à l’heure à propos de ma rémunération. En fait vous insinuez que je suis malhonnête, sachez que comme je vous l’ai dit j’ai attendu l’autorisation de votre femme pour revenir, comme elle me l’avait demandé.

Je n’aime pas du tout vos propos, ils ne me semblent pas appropriés à la situation.

J’ai peut-être beaucoup de défauts mais pas celui-ci. Si c’était le cas je n’aurais plus de travail depuis très longtemps. Comme vous le savez je travaille dans un réseau de personnes que se connaissent cela peut avoir ses avantages mais aussi des inconvénients, notamment je dois être très vigilante TOUT SE SAIT. »

IL se tient devant moi sans rien dire, c’est un monologue ! Sa femme qui est également concernée n’intervient pas en ma faveur, ni en la sienne d’ailleurs.

Je suis pratiquement sûr qu’il est étonné par l’audace de mon intervention. Je reste calme et posée. Devant son inaction je reviens vers lui, je lui demande ce qu’il attend de moi ?

Enfin il prononce cette parole « je souhaite que vous fassiez plus d’heures pour compenser votre salaire »

Je n’ai pas envie d’entrer dans le conflit alors je lui signifie que j’ai besoin d’un temps de réflexion mais au fond de moi je sais qu’il est hors de question que je lui rembourse quoi que ce soit et de quelques façons que ce soit !

La discussion est clause pour le moment. Je retourne travailler, sa femme me suit.

 

Bien sûr nous parlons de ce qui vient d’arriver; je lui explique que je ne comprends pas l’attitude de son mari.

Elle me dit qu’il radin mais que c’est lui qui fait vivre le foyer alors elle n’a osé rien dire. Elle me promet d’essayer de lui faire entendre raison.

Je termine ma mission, je m’en vais le cœur gros. Il est prévu que je revienne en septembre car ils partent en vacances.

 

Je vais démissionner. Cet homme est à la retraite dans quelques mois, je n’ai aucune envie de le revoir !

Je suis désolée pour cette femme qui n’a pas réussi à affirmer pleinement son autorité dans ce foyer.

 

Je dois vous avouer que je suis vraiment très surprise par le fonctionnement de ce couple.

Une version de la soumission émerge parfois dans le sens d’un soutien, la femme est alors celle qui épaule son mari pour gérer le foyer. Elle apaise les maux avec sa douceur, la maison est chaleureuse, sa cuisine ravit sa famille et ses convives... Chacun a son rôle en « complémentarité ».

 

Cette femme qui a élevé neuf enfants, partage la vie de son mari, prend en charge la dynamique de la maison doute encore de sa légitimité à utiliser l’argent du foyer comme bon lui semble !

 

J’échange quelques messages avec elle pour lui expliquer la motivation de mon départ en lui signifiant je travaille dans la fluidité et que je ne me sens plus en confiance chez elle.

Je lui précise que si je la rencontre dans la rue par hasard, je serais ravie de la saluer. Cela s’est d’ailleurs produit et nous avons bien sûr échangé en toute politesse.

 

 

J’ai appris que ma démission l’a beaucoup affectée. Est-ce vraiment cela ou s’est-elle demandée si le peu de considération de son mari à son égard est digne de sa valeur ou tout simplement elle reste dans une certaine résignation sans se poser plus de questions. C’est tellement plus facile parfois.

 

Messieurs, prenez soins des femmes, tous les jours, que ce soit chez vous, au travail ou ailleurs. Nous sommes présentes pour vous apporter notre regard, notre sagesse et de multiples autres qualités que je vous laisse définir à votre guise !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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