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sylviegueroult

Mon oral de certification hors normes

Dernière mise à jour : 9 mai



 

 HORS NORMES (22 janvier 9h30) 

 

Lundi 22 janvier 2024, après des semaines de travail et une implication certaine, le grand jour est enfin arrivé. Pour certains, il s’agit probablement d’une simple épreuve de validation de mon cursus de Prise de Parole en Public et non le diplôme de l’ENA, mais pour la femme de ménage que je suis, cela peut le devenir si je considère ma position sociale !!! Le stress est présent, mon cœur s’emballe, beaucoup de personnes de mon entourage croient en ma réussite et de ce fait je ne sais si je suis conditionnée par la peur d’un échec ou le regard des autres... Pourtant, cette épreuve ne concerne que moi et je n’ai pas à me préoccuper du jugement d’autrui... facile à dire !

 

Il est 9h, je m’accorde une une demi-heure de préparation pour réaliser un exercice de sophrologie et relire l’ensemble de mes notes (surtout ma présentation qui j’ai appris par cœur sur les conseils de mon coach). Comme cet oral a lieu en visio, je me connecte quelques minutes avant pour être sûre que la caméra et le son soient opérationnels. Je suis devant mon écran, il me tétanise, je dois me dépasser, j’ai le sentiment d’être chargée d’une mission de taille : « représenter les femmes de ménages » et leur dire « c’est possible pour vous aussi ».

Après plusieurs minutes me paraissant interminables, je vois apparaître les prénoms de Christophe et Wilfried, puis leurs visages. Nous nous saluons. Ils se présentent tour à tour et j’écoute l’interminable énumération des postes exercés tout au long de leur carrière respective. Je sens ma gorge se nouer, c’est à moi. Je n’ai qu’une seule phrase à dire, je n’ai pas le choix, je dois l’assumer sans honte, je me lance : « ma carrière est beaucoup moins exaltante, je suis juste femme de ménage ».

Christophe, qui apparemment est celui qui pose les questions, enchaîne et me demande : « Pour quelle raison avez-vous fait cette formation ? ».  

Je réponds calmement : « j’ai effectué cette formation de prise de parole en public, pour consolider ma confiance en moi et poursuivre avec un apprentissage de la lecture à haute voix, notamment des contes pour enfants.

 

Le temps est arrivé de choisir un thème à préparer durant 10 minutes, je propose l’entretien d’embauche chez un employeur particulier. C’est un sujet que je maîtrise parfaitement, pour autant je ne suis pas sereine.... Le trac s’empare de moi.

 

10 minutes de pause...

 

L’entretien reprend, je dois absolument réussir ma présentation sinon je vais « perdre pied ». Christophe me demande de commencer par cela, je récite ce que j’ai mémorisé en amont. J’arrive au terme de l’examen avec cette ultime question : « Que changeriez-vous si vous aviez la possibilité de recommencer cet entretien ? ». Je sais que je me dois de puiser intensément dans mon cœur pour lui répondre.  J’ai le désir de me démarquer, d’éviter l’écueil de la banalité. A cet instant décisif, je ne suis plus Sylvie, mais cette femme de ménage qui est capable de parler avec son cœur. Après tout n’est-ce pas cela le langage universel ?

 

« Je ne sais quoi vous dire si ce n’est que j’ai énormément travaillé pour réussir

cette certification et quel que soit votre décision, je vais me pardonner si j’échoue. CROYEZ-MOI ».

 

J’ai trouvé la force de synthétiser ma pensée en une phrase.

 

 

Wilfried reprend la parole, visiblement ému, et me dis :

« Sylvie, tout d’abord ne vous excusez pas d’être femme de ménage. Votre présence devant nous est légitime. Nous rencontrons énormément de candidats, tous n’ont pas comme vous la volonté d’évoluer. Vous êtes une personne rare, sachez-le ! ».

 

Je ressens une grande émotion dans son discours et je perçois dans ses yeux que ma prestation l’a touché. Ce moment est magique, magnifique, précieux ! Je demande à reprendre la parole. Il me tient à cœur de conclure en ces termes : « Le travail de femme de ménage est très difficile et nous sommes à l’image d’une serpillière, c’est-à-dire nous faisons un travail ingrat, sans considération, avec une faible rémunération ».

 

Finalement, l’examinateur m’indique qu’il ne va pas me faire languir plus longtemps. J’ai réussi ! Je suis reçue ! Ma joie est immense, difficilement descriptible. J’éprouve un tel émoi que je suis prête à le serrer dans mes bras, (j’ose lui en faire part), heureusement l’écran me rappelle à la tempérance. Cet aparté est terminé. Nous nous disons « au revoir » et je dois avouer qu’une certaine fierté surgit en moi, non pas du fait de ma réussite, mais plutôt parce que j’ai vécu un moment qui m’a beaucoup marqué. Je remercie GRANDEMENT toutes les personnes qui m’ont aidées à travailler pour être ce que je suis aujourd’hui.

Elles se reconnaîtront...

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3 Comments


Après vous avoir vu répéter ce texte en coaching, je n'avais aucun doute sur votre capacité à réussir votre certification. Vous avez une très belle plume Sylvie qui ravie les lecteurs. De tout coeur avec vous pour la suite !!!! 🌹🤗

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Quelle belle plume Sylvie ! Merci pour ce partage et j'ai hâte de lire tes prochains écrits !

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Ce texte m'émeut autant que la première fois qu'il m'a été lu... Courage, audace et authenticité sont au rendez-vous pour une magnifique inauguration de ce blog!

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